Saint Basile de Césarée
Lettres, vol. 1, Paris, Belles Lettres, p. 83-87
Le saint Esprit, de qui jaillit sur la création toute la distribution des biens, se rattache d'une part au Fils avec qui on le saisit immédiatement et tient d'autre part son être attaché, comme à sa cause, au Père dont il procède aussi, c'est là un signe dpropres à faire connaître sa nature particulière selon l'hypostase, qu'il soit connu après le Fils et avec lui et qu'il subsiste en venant du Père. Le Fils, qui fait connaître par lui et avec lui l'Esprit qui procède du Père, qui, seul uniquement engendré, est sorti en brillant de la Lumière inengendrée, n'a rien de commun, selon la propriété de ses marques distinctives, avec le Père ni avec l'Esprit Saint, mais seul il est reconnu par les signes que j'ai dits. Quant au Dieu surpême, il a seul, comme marque distinctive et en quelque sorte privilégiée de son hypostase, d'être le Père et de ne subsister par l'effet d'aucune cause ; et en retour, grâce à ce signe, il est lui aussi particulièrement connu. Pour cette raison, dans la communauté de la substance, nous déclarons inconciliables et incommunicables les marques distinctives qui sont considérées dans la Trinité et par lesquelles se constitue la particularité des Personnes qui nous ont été transmises dans la foi : chacune est comprise différemment par ses marques distinctives particulières, en sorte qu'à l'aide des signes que j'ai dits on peut découvrir ce qui sépare les hypostases. Au contraire, pour le fait d'être infini, incompréhensible, incréé, de n'être contenu par aucun liue, et pour tous les attributs du même ordre, il n'y a aucune différence dans la nature qui donne la vie (je parle du Père, du Fils et de l'Esprit Saint), mais on peut considérer en eux une sorte de communauté continue et indivisible. Et les réflexions qui permettent de comprendre la magnificence de l'une ou de l'autre des Personnes que la foi admet dans la Sainte Trinité permettront encore de procéder, sans aucune différence, pour le Père, le Fils et l'Esprit Saint, si l'on regarde la gloire, sans qu'il y ait entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit aucun intervalle où la pensée s'avance dans le vide. En effet il n'y a rien qui s'insère au milieu d'eux, ni aucune autre chose subsistant à côté de la divine nature, qui puisse la partager intimement par l'interposition de son élément étranger, ni le vide de quelque intervalle sans consistance, qui produise une absence dans l'harmonie intime de la substance divine, en brisant sa continuité par l'intercalation du vide. Mais lorsqu'on pense le Père on pense en lui-même et on accueille en même temps le Fils par la réflexion, et lorsqu'on saisit celui-ci, on ne séparer pas du Fils l'Esprit, mais logiquement selon l'ordre et conjointement selon la nature on se représente en soi-même, fondue de façon à ne faire qu'une, la foi aux trois Personnes. Et lorsqu'on dit seulement l'Esprit, on comprend en même temps par cette confession Celui dont il est l'Esprit. Et puisque c'est l'Esprit du Christ, il vien taussi de Dieu, comme dit Paul : de même que, si l'on prend l'une des extrémités d'une chaîne, on tire en même temps l'autre extrémité, de même, si l'on attire l'Esprit, comme dit le Prophète, on attire en même temps par lui le Fils et le Père. Et si l'on saisit vraiment le Fils, on le tiendra des deux côtés, et il amènera avec lui d'un côté son Père, de l'autre son propre Esprit. En effet Celui qui est toujours dans le Père ne pourra être retranché du Père, et il ne sera jamais séparé de son propre Esprit Celui qui opère tout en lui. De même encore si l'on reçoit le Père, on reçoit en même temps par sa puissance et le Fils et l'Esprit, car il n'est possible en aucune manière d'imaginer de coupure ou de division, de telle sorte que le Fils soit pensé sans le Père, ouque l'Esprit soit séparé du Fils ; mais on saisit à la fois en eux une communauté et une distinction inexprimables en quelque sorte et incompréhensibles, sans que la différence des hypostases rompe la continuité de la nature, sans que la communauté selon la substance élimine la particularité des marques distinctives. Et ne t'étonne pas si nous disons que le même est à la fois uni et séparé, et si nous concevons, comme dans une énigme, une sorte de nouvelle et extraordinaire séparation unie en même temps qu'une union séparée. Si l'on n'écoute pas ce discours dans un esprit de dispute et en vue de la calomnie, il est possible de trouver quelque chose de semblable même dans les objets sensibles.
Recevez mes paroles comme un exemple et une ombre de la réalité, non comme la réalité même des choses, car il n'este pas possible de voir s'adapter parfaitement ce qu'on l'on considère dans les exemples à ce pourquoi l'on fait usage des exemples.